
"L'héritage du féminisme en IKÙMĒMBÂNGÂ : De l'Éducation à l'Indépendance"
- Isaac Manga Mpondo
- 16 sept. 2024
- 4 min de lecture
Le Mouvement Féministe en IKÙMĒMBÂNGÂ : Une Histoire de Résistance et d’Émancipation (Partie 3)
« Les femmes sont les piliers de notre société, et sans elles, aucune nation ne prospérera. »
– IBÌYA j’IKĒNGĒ, MBĒMBÂ JA BÈNGA
L'égalité des sexes, qui a été au cœur des enseignements du livre MBĒMBÂ JA BÈNGA (Les coutumes Bènga) par IBÌYA j’IKĒNGĒ (ca.1834-1901), a marqué non seulement les communautés Bènga, mais aussi d'autres peuples NDÒWĒ d'Afrique centrale, notamment les KOMBĒ, MAPÀNGA et BÒNGWĒ. Ce texte visionnaire a inspiré une nouvelle génération de leaders masculins qui ont défendu les droits des femmes, et parmi eux se trouvait MAKÂNGÂ ma MOKUKU (ca.1855-ca.1912) du clan BOBALO des MAPÀNGA.
MAKÂNGÂ ma MOKUKU et l’Éducation Féminine : Une Histoire Personnelle
MAKÂNGÂ ma MOKUKU, né dans le village de MATONDO, IKÙMĒMBÂNGÂ, avait bénéficié d'une éducation à l’école presbytérienne d’ELONGO, une école pour garçons NDÒWĒ fondée en 1856. Sous la direction du pasteur presbytérien William C. Clemens et du chef Bènga IBÌYA j’IKĒNGĒ, cette école avait pour objectif de former une nouvelle élite Ndòwē, sensible aux principes de justice et d'égalité. MAKÂNGÂ ma MOKUKU, imprégné de ces valeurs, a défendu toute sa vie les droits des femmes, influencé par les enseignements progressistes d'IBÌYA j’IKĒNGĒ.
Aux côtés de son épouse NYÒGO a METYÈBA (ca.1853-ca.1900), MAKÂNGÂ ma MOKUKU militait pour une société où les femmes et les hommes bénéficieraient des mêmes opportunités. Leur combat était ancré dans leur vie familiale : leurs quatre filles – MBWAKÂNGWĒ, NJÂKU, UTÒNGA et MODINJĒ – ont joué un rôle essentiel dans la diffusion de l’éducation féminine et des droits des femmes en IKÙMĒMBÂNGÂ.
MBWAKÂNGWĒ a MAKÂNGÂ : Un Symbole d’Emancipation Féminine
MBWAKÂNGWĒ a MAKÂNGÂ, née en 1888, incarne parfaitement l’esprit du mouvement féministe en IKÙMĒMBÂNGÂ. Formée à l’école presbytérienne de BOLONDO, un internat pour filles dirigé par son propre père, elle a non seulement acquis une éducation formelle, mais aussi une conviction profonde en l'importance de l’égalité des sexes.
Parlant couramment l’allemand et le français, MBWAKÂNGWĒ a MAKÂNGÂ était régulièrement en contact avec des missionnaires européens et américains, renforçant ainsi ses compétences linguistiques et son influence dans la société presbytérienne d’IKÙMĒMBÂNGÂ. Son mariage avec NYALO a ELIKA, un homme KOMBÈ du clan INYÈMBÂ, scella une union entre deux familles qui partageaient une vision commune d’égalité et de justice.
Leur fils unique, IVÌNA ja NYALO, surnommé “KÙLA”, a hérité de ces valeurs familiales et a poursuivi la mission de ses parents en défendant les idéaux presbytériens et en promouvant les droits des femmes.
L'Afflux des Réfugiés et les Impacts sur la Société Ndòwē
En 1914, alors que la Première Guerre mondiale faisait rage, la communauté presbytérienne d'IKÙMĒMBÂNGÂ a été témoin de l'arrivée de milliers de réfugiés africains et européens. Parmi eux, des tirailleurs sénégalais ainsi que des responsables coloniaux allemands en fuite du Kamerun, tels que Karl Ebermaier, ancien gouverneur du Kamerun. Ce contexte troublé marqua profondément la société locale.
Dans ce climat d’instabilité, MBWAKÂNGWĒ et sa famille continuaient de promouvoir l’éducation et les droits des femmes. En parallèle, elle travailla comme nourrice pour un couple missionnaire américain, les McNeill, qui avaient récemment installé une mission en Guinée espagnole. Grâce à son engagement, elle obtint une bourse pour son neveu, BODJEDI a MBÈLA nà UDÈNDO, qui devint le premier Ndòwē à obtenir un diplôme universitaire aux États-Unis, à l'Université de Lincoln en Pennsylvanie, entre 1955 et 1957.
Chronologie du Mouvement Féministe en IKÙMĒMBÂNGÂ
1856 : Fondation de l’école presbytérienne d’ELONGO pour garçons Ndòwē.
1888 : Naissance de MBWAKÂNGWĒ a MAKÂNGÂ, militante pour l’éducation des filles.
1914 : Arrivée massive de réfugiés après la pendaison du roi MADÒLA ma DIMÀLÈ.
1932 : Collaboration de MBWAKÂNGWĒ avec les missionnaires américains McNeill.
1957 : BODJEDI a MBÈLA nà UDÈNDO devient le premier Ndòwē diplômé d’une université américaine.
Un Mouvement Connecté à l’International : L’Impact aux États-Unis
L’éducation des femmes en IKÙMĒMBÂNGÂ ne s’est pas arrêtée à la frontière de cette région d’Afrique centrale. Grâce aux efforts de pionnières comme MBWAKÂNGWĒ a MAKÂNGÂ, des Ndòwē ont pu accéder à une éducation internationale. BODJEDI a MBÈLA nà UDÈNDO, par exemple, a étudié à l’Université de Lincoln, une université historiquement noire fondée en 1854 pour former des Afro-Américains et des Africains issus de la diaspora.
Ce lien avec les États-Unis montre que le mouvement féministe Ndòwē était non seulement local mais aussi global. Les idées de justice et d'égalité des sexes, tout comme les luttes pour les droits civiques aux États-Unis, se sont entrecroisées, renforçant l’idée que l’émancipation féminine est un combat mondial.
L'Héritage Féministe d'IKÙMĒMBÂNGÂ et ses Échos dans le Monde Contemporain
Aujourd’hui, les efforts de figures historiques telles que MBWAKÂNGWĒ a MAKÂNGÂ continuent de résonner. Leur engagement a posé les bases d’un mouvement qui a influencé non seulement IKÙMĒMBÂNGÂ, mais aussi des régions au-delà de ses frontières. Comme Yaa Asantewaa au Ghana ou Funmilayo Ransome-Kuti au Nigeria, MBWAKÂNGWĒ a incarné cette résistance féministe qui transcende les époques et les continents.
Le mouvement féministe en IKÙMĒMBÂNGÂ, bien que méconnu du grand public, a joué un rôle clé dans l’émancipation des femmes africaines. Ces pionnières ont non seulement défendu leurs droits, mais ont aussi créé des ponts avec des mouvements similaires à travers le monde.
Conclusion : Un Héritage qui Nous Inspire Aujourd'hui
Le mouvement féministe en IKÙMĒMBÂNGÂ montre comment les efforts d’une communauté peuvent avoir des répercussions mondiales. Que ce soit à travers l’éducation, les droits des femmes ou la résistance contre les colonisateurs, l’héritage laissé par MAKÂNGÂ ma MOKUKU, MBWAKÂNGWĒ et leurs descendants continue d’inspirer les générations futures.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelle est l'importance des contributions de ces pionnières féministes dans notre monde contemporain ? Partagez vos réflexions dans les commentaires ci-dessous et rejoignez la discussion !
Référence :
1. A’BODJEDI, Enenge. "Los Pastores Presbiterianos Ndòwē" en ORÁFRICA 4 (abril 2008). Vic (Barcelona): Ceiba Ediciones, 2008. Pages 93-96.
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